Alcoolisme et dépression
Alcoolisme et dépression : l’histoire de mademoiselle Durand par le Dr F. Gonnet :
Jocelyne est la fille d’un monsieur gentil comme tout, qui est viticulteur dans le Beaujolais, et qui est alcoolodépendant (il n’y pas plus de viticulteurs alcoolodépendants que de chefs d’entreprises, de médecins, de religieuses, ou d’alcoologues alcoolodépendants).
Certains soirs, alors que les autres rentrent chez eux, monsieur Durant n’est pas bien. Il reste et boit quelques verres supplémentaires, pour chasser son vague à l’âme. Sous l’influence de l’alcool, une sorte de folie s’empare de lui : chaque fois il rajoute un verre, sa femme a un amant de plus ! Il a un délire paranoïaque et plus l’alcoolémie monte, plus le délire augmente. Alors, quand il rentre à la maison, il cherche sa femme. Comme beaucoup de soirs, elle l’attend, hyperanxieuse, se demandant d’abord dans quel état il va rentrer.
Ensuite : « ouf ! Il revient » et après : « oh la la ! Qu’est-ce que je vais prendre ? ». Effectivement, il la trouve et lui fait payer tous les amants qu’elle a eu ce soir. Elle le supplie d’arrêter, et plus elle dit : « arrête », plus elle l’excite. Il est en proie à une sorte de sadisme qu’il libère parce qu’il est désinhibé, et qu’il est de ceux qu’il n’a jamais pu régler parce que, à jeun, il est très gentil. Puis elle dit : « arrête », plus elle reçoit. Jocelyne qui couche au-dessus et qui attendait, elle aussi son père, se dit : « ça y est, ça va commencer ». Mais ce jour-là, elle n’en peut plus. C’est plus fort que d’habitude. Elle descend dans l’escalier, elle hurle à son père : « ARRÊTE ! »… Et bizarrement, il s’arrête !!! Il est interloqué.
A cet instant, Jocelyne a découvert deux choses fondamentales :
-premièrement, elle est plus forte que sa mère (et elle va grandir très vite à partir de ce moment-là).
-deuxièmement, elle est sur cette terre pour la protéger des violences de son père. Elle apprend à être le Parent Propre de sa mère, et pendant des années cela va se représenter sa seule raison d’être. Elle ne fait que ça, tandis que ses copines sortent dans le village, flirtent et se marient. Et puis, un jour, son père n’en pouvant plus, il s’arrête de boire en faisant un séjour dans un établissement de cure.
A son retour, Jocelyne est perdue. Elle n’a plus à s’occuper de sa mère, elle n’a plus à dire : « arrête ! ». Elle réalise qu’elle a oublié de vivre. Alors, elle sort dans le village. Plus un homme. Tous choisis par les autres ! Elle va jusqu’au bourg d’à-côté, et là, au fond du village, il en reste encore un dont personne n’a voulu. C’est un pauvre garçon qui a l’âge de de quinze ans a perdu sa maman, une mère surprotectrice (elle avait failli le perdre à l’âge de 2 ans, et le voyait toujours petit et fragile). Avec la disparition de sa mère s’est ouverte une grande béance de materno-dépendance, ce qu’il comble avec l’alcool. C’est grâce à ça qu’il a pu survivre. Malheureusement, il est devenu alcoolodépendant et c’est pour ça que personne n’en a voulu. Jocelyne se dit : « mais, après tout, je suis experte ès-alcoolisme, je sais comment on fait. On dit : « arrête ! » et ça marche. Et puis, il a l’air gentil comme papa, et je sens que si je l’aime, je vais le sauver. Alors, elle joue le Parent, le sauveteur, des tas de rôles, ce faisant elle se met à la place de l’alcool remplissant la béance de materno-dépendance. Du coup, il a moins besoin de boire mais reste dans l’alcoolisme.
Dans son rôle d’épouse, de femme, elle est nettement moins à l’aise. Il faut dire qu’elle n’a pas bien eu le loisir d’apprendre. Néanmoins, elle y arrive et lorsqu’elle mets au monde son premier enfant, son mari redevient orphelin, il perd son « épouse de maman ». Alors, la béance de souffrance maternelle se rouvre et il se réalcoolise. Un, deux, trois enfants, il est très dépendant de l’alcool et on dit dans le village : « tu as vu, madame Dupont, elle est admirable à s’occuper de ses enfants, pendant que son sac-à-vin de mari est toujours au bistrot. », et madame Dupont croit en elle, elle est « la-merveilleuse-madame-Dupont », l’épouse du sac-à-vin. Elle a constitué ce qu’on appelle un « faux-self », c’est-à-dire que, ne pouvant aimer son Moi, elle en a fabriqué un qu’elle peut aimer.
Jusqu’au jour où, à son tour, son mari n’en peut plus. Il s’arrête de boire en faisant un séjour dans un établissement de soin. Il revient dans le village. Dans les six mois qui suivent, il rajeunit de cinq ans, il change du tout au tout. Et dans le village on dit : « tu as vu, Dupont, il s’en est sorti, on n’aurait jamais cru ça de lui ! » ; il est « le merveilleux-monsieur-Dupont ». Mais que s’est-il donc passé ? Pendant qu’il était en cure une transaction s’est opérée : elle était « la-merveilleuse-madame-Dupont », et maintenant qu’il est sorti c’est lui qui est merveilleux. Tous les repères de son épouse s’écroulent et la dépression guette.
Elle doit alors, commencer à faire un travail sur elle. Celui qu’elle n’avait pas pu faire dans son adolescence et qui l’a amené à avoir du mal à être femme. Pour couronner le tout, les enfants, qui avaient honte de leur père, trouvent enfin celui dont ils rêvaient depuis si longtemps. Pendant quelques mois, ils n’auront plus d’yeux que pour lui. Elle n’est plus alors que la femme du père de ses enfants, elle n’existe même plus en tant que mère. Vous comprendrez qu’elle puisse avoir un passage dépressif.
Et le passage dépressif du conjoint, vers le sixième mois est très fréquent, il faut en parler, il faut l’aider à traverser ce moment pour être plus lui-même, parce que la fin de cette histoire c’est que lorsque madame Dupont sera devenue un peu plus femme, elle va découvrir un monsieur Dupont qui est devenu un peu plus homme, (avant c’était une maman qui avait sauvé un enfant en manque de maman), et ils pourront alors vivre leur deuxième et véritable lune miel…
Dans une démarche où vous sentez avoir besoin d’aide, il est tout à fait possible de vous accompagner dans ce sens que ce soit en sophrologie ou en hypnose.
http://www.alcool-info-service.fr/
Antoine Augé-Nielly Hypnothérapeute et Sophrologue RNCP au Medic Center Annecy
Contact au 07 82 59 09 19